Des larmes coulant au creux des gerçures

– Jón, c’est son prénom. Avec un accent sur le o, aigu. Un joli ó islandais.

Camille ne semble pas goûter aux finesses linguistiques de Julie.

– De la tempête, de la glace et de l’eau des profondeurs qui vous arrachent le cœur. Vous plongerez dans une mer insondable, vous gravirez un à-pic et succomberez au vertige. Ce livre vous prendra, je vous assure. Prenez-le.

Camille n’ose pas lui dire qu’elle veut simplement partir, courir jusqu’à chez elle. Qu’elle va pleurer. Alors le livre, elle le prend pour pouvoir s’enfuir au plus vite.

– Vous verrez, poursuit Julie enthousiaste, vous y trouverez des solitudes, des larmes coulant au creux des gerçures, des mots liquides comme la douleur des disparitions. Vous pourrez fuir, fuir entre ciel et terre.

Camille est déjà partie.


Le livre que Julie conseille à Camille est Entre ciel et terre de Jón Kalman Stefánsson, dans une traduction de Éric Boury, aux éditions Gallimard, 2010.

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